Laurent75 (Mercedes) Champion S13 – La grande interview

On l’avait senti venir la saison dernière, ou quelques petites erreurs avaient fini par l’écarter de la course au titre. Qui vient à point à qui sait attendre… et apprendre ! On retrouve donc Laurent75, brillant champion de cette Saison 13. 

1) Salut Laurent, merci de nous accorder cette interview ! 13ème en S11, 4ème en S12 et puis le sacre en S13. Ça a été un chemin long depuis ton arrivée mais avec une progression fulgurante ces dernières saisons. Comment on se sent maintenant en tant que Champion de la S13 ?

Heureux ! (rires) Heureux du devoir accompli. Heureux de l’investissement et du travail collectif effectué, surtout depuis la S12 parce que pour moi c’est pas le travail d’une saison mais le travail de deux saisons. Ces deux saisons ont vraiment été liées (ndlr : S12 et S13). C’est un an d’investissement et d’apprentissage de nouvelles méthodes de travail. Je fonctionnais pas du tout de la même façon avant. J’ai compris grâce à l’aide d’Emesset et de Rytal où je pêchais, pourquoi ça n’avait pas fonctionné malgré le potentiel entrevu les saisons précédentes. On a recommencé de zéro en saison 12 et j’ai rapidement progressé. C’était insuffisant évidemment pour jouer le titre car il y avait des pilotes bien meilleurs. La saison 13 a sonné comme la suite logique de la saison 12. On a été plus forts. On a progressé dans les domaines où on pêchait, notamment les moments clés qui nous ont coûté quelques points en fin de saison 12.

2) Quel a été le déclic qui t’a permis de gagner en performance entre la saison 12 et la saison 13 ?

Je ne dirais pas qu’il y a eu un si grand gain de performance à ce moment-là. Ce gain a eu lieu entre la saison 11 et la saison 12. En gros, il y a eu mes premières saisons, puis la saison 12 où j’ai fait une progression énorme dans la hiérarchie. Le plus gros point faible sur lequel on a travaillé était la gestion de la pression. Puis, avec le travail de l’équipe et grâce à ma complémentarité avec Rytal associée à l’arrivée de Sashark, pilote très talentueux, motivé et plein d’avenir, on est devenus une équipe encore plus forte qu’en saison 12.

3) Du paddock, on sentait une certaine supériorité de la Mercedes, qui se montrait beaucoup plus agile et rapide, notamment en début de saison. Comment expliques-tu cela ? Etait-ce une bonne compréhension du mod ? Une question de matériel ? Un bon réglage de setup ? Ou tout simplement le pilote ?

C’est un tout. Moi, personnellement, j’ai dû ajuster mes réglages volant pour que ça convienne au mod car la course de présaison ne m’avait pas enchanté et je n’étais pas très optimiste. Quant à mes coéquipiers, on a Sashark qui a eu un nouveau matériel, du Fanatec comme Rytal, et donc ils ont très bien travaillé en binôme tous les deux. Et puis, à côté de ça, en termes de setup, on a préparé nos courses peut-être comme personne d’autre. On a fait des 500, 600, 700, tours par course sur Spa et Monza. On est arrivés peut-être plus prêts que les autres. Je pense que c’est du travail, de l’investissement, on a énormément dépensé d’énergie et on avait envie d’atteindre des objectifs correspondants.

4)  Il semblerait que tu aies eu une passe difficile avec Singapour puis le Brésil, où tu fais deux erreurs notables. A quoi cela était-il dû ? La pression du titre ?

La pression, oui, je l’ai sentie, on va pas se mentir. C’était ma première année où je me retrouvais en tête du championnat. C’était inédit pour moi et évidemment on sait du coup qu’on est pourchassé par des pilotes aussi talentueux qu’Emesset et MK. Il y a donc eu tendance à être un peu plus fébrile par moment. Mais je dirais que Singapour était juste un circuit qui ne me convenait pas. Je ne suis pas vraiment à l’aise sur des circuits à murs, des circuits en ville. Je sais qu’Emesset, MK et Jérôme Salles notamment sont très doués sur ce type de circuit. Au Brésil, c’est juste que j’ai commis une grosse erreur, grave erreur, qui aurait pu avoir des conséquences beaucoup plus lourdes. Je n’ai vraiment pas fait preuve de maturité ce jour-là et j’ai vraiment cru que j’allais le regretter. Le podium était assuré, j’ai voulu faire le meilleur tour, c’est un secret pour personne, et j’ai crashé la voiture en voulant trop en faire dans les derniers tours et je pense que c’est une erreur qui m’a calmé.

“En gros, il y a eu mes premières saisons, puis la saison 12 où j’ai fait une progression énorme dans la hiérarchie. Le plus gros point faible sur lequel on a travaillé était la gestion de la pression.”

5) A quel moment as-tu pensé que le titre est jouable ? Et d’une manière générale, était-ce l’objectif initial ?

Pour cette saison, l’objectif était de faire mieux que la 4ème place de la saison précédente, de rester sur cette progression, de continuer à performer, de continuer à bien préparer ses courses pour faire le meilleur travail possible. Mais le titre n’était pas l’objectif pour moi, Emesset et MK étaient au-dessus. J’ai commencé à penser que c’était jouable à partir des deux victoires consécutives. Après le GP de Hongrie où justement Emesset venait d’avoir deux résultats blancs et moi deux victoires. La saison était courte, il restait pas 36 courses à gérer, il fallait être intelligent mais il fallait aussi être costaud pour tenir les deux cadors de derrière.

6) Quelle a été selon toi ta meilleure course cette saison ?

Ma course la plus aboutie a été certainement le GP d’Italie à Monza parce qu’on a réalisé une préparation de dingue avec l’équipe Mercedes : on a avoisiné les 800 tours d’entrainement par personne. On a fait un travail incroyable sur cette course. J’étais préparé comme un métronome, j’avais la confiance et lorsque j’ai passé Dromed au départ j’ai su qu’il serait très difficile de la perdre. Fallait vraiment juste rouler intelligemment, ne pas faire d’excès et la victoire serait au bout.

7) A contrario, la moins bonne ?

Singapour. Singapour parce que je n’ai pas commis qu’une erreur en course, j’en ai commis plusieurs. Je n’ai jamais vraiment été à l’aise , j’allais vite mais sans constance et j’ai eu un moment comme l’impression d’être retombé dans mes travers d’avant la saison 12.

8) A Abu-Dhabi, 8ème était suffisant pour remporter le titre. Comment as-tu abordé cette course ? Envie de finir en beauté ou jouer la sécurité ?

Pour la première fois, j’ai vraiment eu l’idée et la détermination de la jouer safe même si je sais que ce n’est pas forcément ma tasse de thé de jouer à l’économie et trop prudemment. C’est comme ça que j’ai toujours tendance à faire des erreurs ; mais à Abu-Dhabi j’avais pas le choix. Je savais que j’avais besoin d’une huitième place si MK gagnait et j’étais pratiquement persuadé qu’il n’allait pas laisser passer cette chance donc l’objectif était de terminer dans les 8 premiers mais en étant le moins loin possible pour se faire peur le moins longtemps. Assurer une bonne place dans le top 5, entre la troisième et la cinquième place comme ça a été le cas durant toute la course donc de cette façon, j’ai vraiment pu gérer sans faire l’excès que j’ai malheureusement fait au Brésil.

“Et surtout, surtout, ce qui est très important, c’est qu’il faut s’entourer des bonnes personnes et de créer une atmosphère positive et c’est vraiment ce qui m’est tombé dessus en saison 12. C’est un peu comme si j’avais démarré une deuxième carrière.”

9) Des rumeurs couraient que tu prendrais une année sabbatique en cas de titre, rassure-nous : ce n’est pas le cas ?

C’était une blague, c’était pour animer la rumeur de façon bon enfant on va dire (rires). Les faire un peu spéculer, si jamais je remportais le titre, je pourrais faire une Rosberg… Ça m’a beaucoup fait rire de voir que ça cogitait dans le paddock, que certains se posaient la question, certains y croyaient, d’autres non,.. Finalement très amusant !

10) Nous voilà rassurés ! Du coup, quels sont tes objectifs pour la saison 14 ? Rempiler avec un nouveau titre ?

Je me dis qu’après avoir remporté le titre en saison 13, ce sera très compliqué de faire mieux avec trois victoires sur huit courses. Maintenant oui, gagner un deuxième titre reste un objectif mais je sais très bien qu’Emesset sera encore plus fort que la saison passée et qu’il sera très très difficile à battre.

11) Lorsque tu as commencé, il t’arrivait d’enchainer les abandons et aujourd’hui tu es champion de la saison 13. Toi qui as maintenant de l’expérience, quels conseils donnerais-tu à un Rookie ?

La patience. Et la persévérance surtout. Ne jamais abandonner même dans les pires moments, même quand tout va mal, même quand on n’a plus aucune motivation, même quand on se demande ce qu’on fait là, quand on se dit qu’on arrivera jamais parce que plusieurs saisons de suite on affronte finalement les mêmes démons, les mêmes résultats, il ne faut jamais lâcher. Et surtout, surtout, ce qui est très important, c’est qu’il faut s’entourer des bonnes personnes et de créer une atmosphère positive et c’est vraiment ce qui m’est tombé dessus en saison 12. C’est un peu comme si j’avais démarré une deuxième carrière. Je préconise à tous les rookies, tous les jeunes pilotes de la EvoF1 de ne jamais abandonner parce que votre heure viendra, n’en doutez pas.

12) Tu transmets un très beau message ici… Merci beaucoup pour tes réponses et nous te souhaitons le meilleur pour les saisons à venir !

Merci et à très vite sur les pistes !