Comme promis et avec le retard habituel, on passe du côté des constructeurs aujourd’hui. Que dire, si ce n’est que rien est fait. 
Si nos comptes sont bons (et ils ne le sont sûrement pas), pas moins de quatre équipes peuvent prétendre le remporter. Si on vise juste (et ce n’est sûrement pas le cas), avouez que c’est quand même marrant.

Comme on le disait en intro, la sauce est ici légèrement plus épicée que chez les pilotes. Devant le nombre de prétendants encore en lice, il est bien possible qu’en fin de saison, certains grumeaux soient difficiles à avaler pour certains d’entre eux. Si on commence par les choses acquises, et si par exemple on s’attarde sur un critère objectif comme la moyenne de points pris par course, le leader AlphaTauri (154) devrait avoir du mal à retenir la brave bande de furieux lancée à ses trousses. Pourtant, dans leur rôle de Petit Poucet, les gars n’ont pas lâché. Fait remarquable : en terme de points pris, l’équipe monte en puissance au fil de la saison, avec patience et ténacité. Une coupette pour les trois mousquetaires serait sûrement salué par tout le plateau, même si on n’en est pas tout à fait là.

Et pour cause, une sorte de foire géante à la saucisse s’est organisée derrière, avec du teuton dans tous les sens : BMW (120), Porsche (120) et Mercedes (104).

Et pour cause, une sorte de foire géante à la saucisse s’est organisée derrière, avec du teutons dans tous les sens : BMW (120), Porsche (120) et Mercedes (104). Niveau étiquette, il y en a pour tous les goûts, entre la marque de vieux (ou de dealers, les temps changent), la marque de kékés et la marque de riches. En un mot, niveau forme, avantage BMW, niveau régularité, avantage Porsche, niveau potentiel, avantage Mercedes. En développant un peu, BMW est un prétendant crédible, avec un Superman rapide et fiable, Hugo S. qui montre sa pointe de vitesse et des progrès en mâturité, et une réserve de points à exploiter : Colimateur n’a pris que 4 pts, contre 23 en S17, et 31 en S16. Même Hugo S. semble également avoir une marge notamment sur la préparation des courses. Il y a donc encore mieux à faire, une remarque que vous reverrez dans cet article.

C’est une limonade différente qu’on sert du côté de chez Porsche, où on souffre en même temps qu’on espère. On souffre avec le sous-virage et une machine manifestement pas adaptée aux chefs de file de la marque, d’où une certaine mauvaise humeur teintée parfois de résignation. D’un autre côté, on peut espérer car la tradition ardennaise consiste à toujours se réveiller, même si tard parfois. La probabilité est donc loin d’être faible, surtout si l’odeur du sang commence à emplir les narines à Stuttgart. Avec des pilotes classés 6, 7 et 9èmes au championnat (Alexandre Andry a osé intercaler sa Red Bull), l’avantage est qu’on sait souffrir intelligemment : les points sont pris à toutes les courses. Ce qui manque en revanche, ce sont les points d’exclamation habituels, les podiums sur lesquels montent régulièrement BMW et Mercedes. Le verdict final sera largement impacté par la capacité de l’équipe à redonner des couleurs à son chef de file DromEd.

On reste à Stuttgart pour évoquer l’équipe qui a été naguère le grand favori de la saison, et qui est paradoxalement la moins bien placée comptablement du groupe. Portée par Lemst mais surprise dans des parties répétées de « Coucou, caché ! », Mercedes ne s’est jamais vraiment mise en route ensemble. Résultat : 7 résultats blancs, entre absences et défaillances (1 pour Lemst, 3 chacun pour Azer et Emesset). La rumeur indique même que le chiffre 7 ne serait pas définitif. Pour espérer, il faut marquer, et pour marquer, il faut finir. Pour finir, il faut commencer par venir. Dans l’idéal, il faut aussi s’entendre, et la rumeur indique que tout n’est pas rose dans l’équipe. Tout ça pour dire que le verdict tiendra beaucoup dans la capacité de chacun des pilotes concernés à (enfin) aligner ses atouts au profit du collectif. Au final, depuis le début de la saison, on a vu tout et son contraire dans les trois équipes.

Porsche : Ce qui manque en revanche, ce sont les points d’exclamation habituels, les podiums sur lesquels montent régulièrement BMW et Mercedes.

Derrière le quatuor de tête, Red Bull (79) et Alpine (66) peuvent tout à fait se chercher des noises dans la dernière ligne droite, le retour de Jérôme Salles donnant un avantage qui devrait être structurel à l’écurie française. Revers de la médaille, Alpine a connu la violence d’une régularisation du salary-cap au moment où il a été acquis que le rookie Escobar était davantage un top-gun qu’un rookie. Pourtant, il ne manque qu’une cinquantaine de points : un Jérôme présent toute la saison aurait sans doute changé le visage du classement constructeurs, mais il a fallu faire sans, chez Alpine. L’éclosion un peu plus tardive et un peu moins violente d’Alexandre Andry chez Red Bull a dans une certaine mesure éviter un scenario identique chez les taureaux en terme de salary-cap. L’équipe s’est par contre très bien sortie du remaniement de mi-saison, avec une belle dynamique et des perspectives intéressantes au delà de cette saison. Cette lutte entre Alpine et Red Bull aura donc des allures de remake du lièvre et de la tortue, en version nettement accélérée quand même.

Pour McLaren (30) et Ferrari (8) qui ferme la marche (la marabout Binotto aurait-il sévi jusqu’ici?), une saison à oublier entre instabilité pour les uns, et des absences difficilement surmontables pour les autres compte-tenu de l’impact du salary-cap (moralité, il ne faut jamais revenir avec ses ex !). Ce sont des choses qui arrivent, et autant de raisons d’avoir bien faim pour la Saison 19. D’ici là, il reste quatre courses, qui répondront forcément à tous ces questions. Allez, go Miami !