Lemst (Mercedes) Champion S11 – La grande interview

Trois fois qu’il passe à la moulinette. Comme quoi ce n’est pas si terrible. Pour mettre derrière nous cette Saison 11, on retrouve Lemst, pour la grande interview du champion. Go !

1) Félicitations pour ce doublé titre pilotes/titre constructeurs. De l’exterieur, cela a paru facile. De l’intérieur aussi ?

Pas vraiment concernant le titre Constructeurs. On est partis avec un gros déficit de point et on faisait face à de redoutables équipes. Bon, Ferrari avait plus de points de pénalité que nous mais, sur le papier, ils avaient aussi un trinôme plus fort avec à leur tête, le champion sortant alors que je n’avais pas roulé pendant six mois. Renault était en excellente position aussi avec un déficit nul, de mémoire, et une sacrée équipe aussi. Très vite la bataille pour le titre s’est plutôt jouée entre les noir et jaune et nous, mais on n’avait pas le droit au faux pas. Heureusement pour nous, ils se sont un peu déconcentrés suite à la lourde sanction d’Austin et ça nous a donné plus de marge de manœuvre avec MK et Coli. Ils sont restés la tête baissée pour aller chercher leur premier titre et leur hargne a été récompensée. Je suis content de l’avoir remporté à leur côté.

Pour le titre Pilotes, ça a été plus facile. Mes potentiels adversaires se prenaient des points et, au final, mon dauphin a été mon propre équipier. Dromed, que je redoutais le plus, n’a pas connu sa meilleure saison parce qu’il a eu un peu de mal avec la voiture 2019 et Dams, Jon, et Rytal faisaient des erreurs qui les mettaient hors course pour le titre. Je voyais aussi Jérôme Salles dans la course pour le titre mais il a été contraint de déclarer forfait assez tôt dans la saison.

2) C’est ton troisième titre. Comment le classerais-tu par rapport aux deux autres ?

Le premier était celui que je voulais absolument, il a été libérateur. “Enfin, j’y arrivais”. Le second a été un “petit hasard”. Je ne m’attendais pas à être en position de me battre pour l’avoir mais finalement, ç’a été une bonne surprise. Celui-ci, je suis revenu en me disant “je le gagne”. Donc je suis satisfait de l’avoir remporté, mais il a un petit goût amer. Sans Emesset, “Duck”, Dromed au meilleur de son potentiel et les oustiders comme Rafa, Rytal, il n’a pas tout à fait la même saveur même si tout le monde dans le peloton a du mérite. Le “carré d’As” n’est plus et personne n’a encore suffisamment de constance pour que le niveau soit aussi élevé que quand il y avait tout ce beau monde. Mais je ne boude pas ce titre. Je suis content d’en avoir obtenu un troisième et j’espère ne pas m’arrêter là.

3) On t’a toujours connu rapide, mais dominer un championnat est encore une autre affaire. Qu’est-ce qui a changé par rapport à tes debuts en course ?

Savoir que je peux le faire, ne plus douter. Quand ta tête dit que tu peux le faire, le reste suit derrière. Alors oui, il faut s’entraîner quand même. Mais arriver sur la piste en sachant qu’on peut gagner même sans partir en première ligne, ça aide énormément et ça te met dans une position où, lorsque tu te dis “je me le fais même si j’ai 7 secondes de retard”, eh bien tu peux le faire.

4) Cette saison, on t’a vu tomber quelques records, et travailler pour. A quel point cet aspect statistique est important pour toi ?

J’avais été un peu déçu la saison de mon premier titre de ne pas avoir fait 100% de podium. J’avais été titré à l’avant dernier grand-prix et la saison m’avait épuisé à cause des entraînements et de la pression que je m’étais mise avec la naissance de ma fille juste après la fin de la saison et qui me faisait redouter de ne plus avoir l’occasion de le remporter. Donc quand il a été gagné (et je crois qu’on avait aussi le titre Constructeurs avec “Duck”), j’ai voulu respirer et je suis venu à l’arrache en Turquie. J’avais fini très loin. L’occasion s’est présentée à nouveau pour cette saison et MK et Coli avaient besoin que je réponde présent pour aller chercher le titre Constructeurs avec eux. Ils avaient été de bon soutien en acceptant de faire équipe avec moi quand je suis revenu et lorsque j’ai subi le déclassement à Singapour, ils étaient encore plus remontés pour gagner. Je leur devais ça. Rester concentré pour eux m’a permis d’aller chercher quelques records, c’était tout bénef. Maintenant, est-ce que je chasse les records ? Je ne sais pas trop. Ca fait plaisir de les avoir mais ça demande un certain investissement pour aller chercher tous les autres… On verra avec le temps.

“Quand ta tête dit que tu peux le faire, le reste suit derrière. Alors oui, il faut s’entraîner quand même. Mais arriver sur la piste en sachant qu’on peut gagner même sans partir en première ligne, ça aide énormément…”

5) On a vu une équipe Mercedes très solide, et qui est montée en puissance au fil de la saison. Vous avez mis le doigt sur quelque chose, ou c’est plutôt la dynamique d’équipe qui a alimenté la progression ?

On a donné l’impression de beaucoup travailler les réglages mais en vérité, on travaillait surtout les stratégies. Je pense que MK et Coli n’avaient pas besoin de grand’chose pour exprimer leur plein potentiel. Je ne leur ai pas apporté autre chose qu’une méthode de travail pour préparer une course et ils ont élevé d’eux-mêmes leur niveau de jeu. En vérité, je pense même que MK s’est limité de lui-même en se mettant tout seul dans la peau du numéro 2. Quand je suis revenu, je voulais jouer le titre mais je l’ai joué profil bas. Il avait roulé la saison précédente, il a une sacrée pointe de vitesse, je ne souhaitais pas endosser le rôle de numéro 1 alors qu’il pouvait y aspirer. Mais il a immédiatement dit qu’il se mettrait à mon service pour gagner le titre et il s’est imposé ce rôle même si je lui ai toujours dit de faire sa course car on ne savait jamais ce qu’il pouvait se passer sur une saison complète. Malheureusement, il s’est peut être mis un peu plus de pression pour “bien faire” et ne pas gêner quand il partait plus haut que moi sur la grille. A Monza, il est en tête, on est en contrôle malgré Dams très proche et, comme il ne veut pas gêner, il propose de me laisser passer. Je refuse, mais deux tours plus tard, il part en tête à queue. C’est l’exemple typique d’un pilote qui s’est mis un peu trop de pression. Quand tout s’est décanté et que le titre Pilotes était à portée de main, il s’est senti libéré et il a gagné à Austin et m’a collé aux basques au Brésil alors que c’est ma course fétiche. Je pense vraiment que s’il ne s’était pas limité lui-même en se considérant comme un numéro 2, il aurait pu être bien plus proche au championnat. Qui sait, peut être cette saison ? Je n’oublie pas Coli qui, à chaque course, était le premier à tester les réglages, les pneus, les stratégies. On arrivait bien souvent avec un réglage déjà prêt et une assez bonne idée de ce qu’on ferait le soir de la course grâce à lui. Sa réputation de régleur n’est pas usurpée et ç’a été un plaisir de faire équipe avec eux !

6) Quelle a été ta meilleure course ?

Spa. La voiture volait, doublé Mercedes dès mon retour. Ca lançait la saison sur une excellente note.

7) Et au contraire la plus mauvaise ?

J’hésite entre Singapour et Fuji mais je pense que je vais dire Fuji malgré le hat-trick. La piste était un calvaire avec toutes ces bosses. J’ai fini plus d’une soirée avec un sacré mal de crâne !

8 ) Plus largement, quel a été le meilleur moment de ta saison ?

Passer Jon, Dams et une McLaren a Austin pour prendre la tête de la course en quelques tours seulement.

“Je ne leur ai pas apporté autre chose qu’une méthode de travail pour préparer une course et ils ont élevé d’eux-mêmes leur niveau de jeu. En vérité, je pense même que MK s’est limité de lui-même en se mettant tout seul dans la peau du numéro 2.”

9) Et le pire, du coup ?

Perdre à Singapour alors que j’avais la course en main en étant parti si loin sur la grille. Je tape et casse l’aileron avant en me disant que c’était gagné. J’oppose une résistance ridicule à Dromed et suis déclassé derrière pour “non-respect des limites de la piste”. Quand on sait qu’on y pilote au milieu des rails…

10) On t’a annoncé à la retraite, puis sur iRacing, et finalement, te voila de retour. Les rumeurs étaient fausses, ou tu as failli partir à la pêche ?

Je partais bien pour iRacing parce qu’il fallait surtout streamer cette saison et qu’on pensait être les seuls avec Emesset à pouvoir le faire après les nombreux soucis techniques de Feufeuille. Finalement, avec les départs qu’il y a eu pendant l’inter-saison et l’envie de courir, j’ai décidé de rempiler et ça ne pouvait être qu’avec MK et Coli. Malgré les avoir prévenus très tôt, ils n’avaient pas d’autre projet que de défendre notre titre tous les trois !

11) Comment vois-tu la saison à venir ?

Elle va être dure, très dure. On va avoir un déficit monstre en terme de points au Constructeurs. Et j’ai des contraintes personnelles qui m’empêcheront de pouvoir préparer les courses ! Je risque de venir sans entraînement à un paquet d’épreuves et je sais que la concurrence sera bien prête, elle, à nous faire payer notre domination de la saison précédente ! Du coup, je la prends cool. On verra ce qu’il se passera.

12) Tu aurais un conseil à donner à des pilotes qui souhaiterais progresser ?

S’entraîner, il n’y a que ça. Mais le faire intelligemment. 😉

13) Et pour finir, puisque tu vis à la frontière suisse…. Qui a le meilleur chocolat ? Les Français, les Belges ou les Suisses ?

Les Belges gagnent déjà pas au foot… ils méritent juste la médaille en chocolat ! Sinon mon chocolatier préféré est dans mon village, et il est français monsieur ! Alors…

Merci !

Des bisous !