Existe-t-il un meilleur moment que les fêtes de fin d’année pour dresser le bilan de la saison qui vient de s’écouler ? Probablement pas. Nous allons donc profiter de la nouvelle année pour revenir sur la consécration de Lemst (Mercedes), tout frais triple-Champion EVOF1.

Une domination statistique

Les chiffres sont toujours le premier axe que l’on exploite au moment d’examiner une performance. Dans le cas de Lemst et de sa production lors de cette Saison 12, ils sont plutôt frappants. Quand on parle de record, on parle bien entendu depuis la division de l’année civile en deux saisons EVOF1. So : 8 courses, autant de podiums (record), 6 victoires (record), 5 meilleurs tours en course (record égalé), 191 pts marqués (record). Jamais un pilote n’avait fini toutes les courses d’une saison sur le podium, et rares sont les pilotes qui ont laissé une telle impression de facilité sur une saison entière. Alors quoi, Lemst était-il au dessus du lot ? Ou particulièrement à son aise cette saison ? Ses adversaires se sont-ils résignés un peu vite ? Ou le plateau était-il un peu plus faible que les saisons précédentes ? Comme souvent, ramener la physionomie de la saison à un seul facteur serait à la fois réducteur et erroné : il y a un peu de tout cela. À ce niveau de compétition, de petites choses font la différence, et ce qui a caractérisé la saison de Lemst, justement, c’est sa faculté à contrôler et assembler tous les petits détails qui permettent de construire un titre. C’est ce point particulier qui a fait de son titre une évidence, et ce très tôt dans la saison.

Ce qui a caractérisé la saison de Lemst, justement, c’est sa faculté à contrôler et assembler tous les petits détails qui permettent de construire un titre. C’est ce point particulier qui a fait de son titre une évidence, et ce très tôt dans la saison.

Un contexte favorable

Lemst revenait dans le peloton EVOF1 cette saison, après une saison sabbatique. Le temps de recharger les batteries, de revenir l’esprit frais, et la motivation au zénith. Un moment par ailleurs fort bien choisi, qui l’a mis au même niveau que ses adversaires en terme de connaissance du mod. Cette saison marquait en effet le passage au mod Formula Hybrid 2019. Dès les premiers essais, ce n’est pas le Lemst de la Saison 9 que les pilotes ont retrouvé, mais bien le champion des Saisons 7 et 8, concentré, motivé à l’idée de faire les efforts (un des points faibles du pilote Mercedes sur la durée d’une saison), et parfaitement en confiance avec le mod. Ce dernier point est aussi important qu’aléatoire et relève de la réussite, quel que soit le pilote, et sans ignorer les capacités d’adaption du Montpellierain. Sur EVOF1, le mod est changé toutes les deux saisons. Historiquement et surtout depuis le passage à Assetto Corsa, le changement de mod a toujours été synonyme de perte de titre pour le Champion sortant :  S4 Emesset -> S5 DromEd ; S6 Emesset > S7 Lemst ; S8 Lemst > S9 Emesset ; S10 DromEd -> S11 Lemst. La règle s’est donc vérifiée une fois de plus cette saison avec un DromEd et plus largement une équipe Ferrari (ex-Red Bull) beaucoup moins à l’aise qu’avec la mouture précédente.

Un talent arrivé à maturité

Plus qu’en vitesse pure où il y a pu y avoir match avec ses adversaires (Dams ou Mk par exemple) par moment, c’est en course que les efforts se sont vus. Les options étaient connues, les stratégies maîtrisées, et on a parfois eu ce sentiment que – par le rythme pure ou par la préservation des gommes – la victoire choisirait inévitablement le camp de la Mercedes 44 (normalement, ce scénario doit vous en rappeler un autre). Le sérieux de la préparation est une raison. Une autre est la maturité. Sanguin dans ses jeunes années, Lemst l’est probablement encore un peu (cf l’épisode des Combes à Spa, action qui aurait tout à fait pu déboucher sur une pénalité). La différence pourtant, c’est qu’il a su prendre le temps cette saison. Une seule erreur en course (à Singapour, sauvée par une 2ème place), une prise de risque maîtrisée, et – trait nouveau – on l’a vu parfois faire un pas en arrière pour faire fructifier un avantage (cf l’arrêt supplémentaire à Suzuka). Le Lemst d’avant aurait probablement forcé un peu plus. Tout n’est pas parfait, et on le sait capable de se mettre dans la difficulté lui-même, mais une chose est certaine, de l’ordre a été mis dans son jeu.

Les options étaient connues, les stratégies maîtrisées, et on a parfois ce sentiment que – par le rythme pure ou par la préservation des gommes, la victoire choisirait inévitablement le camp de la Mercedes 44.

Et l’avenir, alors ?

Sans surprise, Lemst peut faire à peu près ce qu’il veut la saison prochaine. C’est le privilège classique du Champion en titre. Les propositions ne manqueront pas et le passé a montré que cet homme-là n’aimait pas beaucoup l’immobilité. Alors rester chez Mercedes ? Changer d’équipe ? Faire son trou sur iRacing ? Profiter de son titre dans la cabine commentateurs ? Dans son luxe, Lemst a probablement passé chacune de ses options en revue et il sait qu’il a le choix. Et une vraie chance de réussite quelle que soit l’option. Une chose est sûre, que ce soit dès la saison prochaine ou dans un futur un peu plus lointain, tous les observateurs et pilotes du championnat savent que ce n’est probablement pas son dernier titre sur EVOF1. Une belle réussite pour celui qui était arrivé au début de la Saison 6 avec une réputation de pilote rapide capable de performances isolées, mais dont le palmarès restait vierge de tout titre individuel. C’est le temps qu’il fallait pour travailler sur soi et devenir un champion accompli et reconnu.